Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler
EAN13
9782889279401
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
ZOE POCHE
Langue
français
Langue d'origine
allemand
Fiches UNIMARC
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Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler

Zoé

Zoe Poche

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Pour le jeune Maurice Bavaud, Adolf Hitler est un danger pour l’humanité. Il
quitte la maison familiale à Neuchâtel, achète un petit revolver et parvient à
se glisser, en 1938, au premier rang d’un défilé à Munich où le Führer,
amateur de bains de foule, aurait été à portée de tir d’une arme plus
puissante que la sienne. Il tente d’autres lieux où le dictateur se montre
parfois, fait chou blanc. Il s’apprête à rentrer, mais n’a plus d’argent.
Arrêté sans billet dans un train, interrogé, Bavaud passe aux aveux sous la
torture et sera jugé puis exécuté en mai 1941, à 25 ans. N’importe quel pays
aurait érigé Maurice Bavaud en héros. Pas la Suisse. L’ambassadeur helvète de
l’époque à Berlin part le week-end à la chasse avec des dignitaires du régime,
admire la personnalité d’Hitler et qualifiera de «répugnant» le geste de son
jeune compatriote. L’ambassade n’a pas envoyé d’observateur au procès, n’a
demandé ni l’extradition de Bavaud ni la clémence des juges, ce qui étonnera
les nazis eux-mêmes. La Suisse officielle n’est pas complètement alignée sur
son ambassadeur mais anticipera les désirs allemands: ne pas ébruiter
l’affaire, pour ne pas créer des émules. La famille de Maurice Bavaud est
ainsi maintenue dans l’ignorance et se verra, après la guerre, offrir 40 000
francs pour solde de tout compte et prix de son silence. Près de trente ans
après les faits, Meienberg est l’un de ceux qui rouvrent le dossier Maurice
Bavaud. Il écrit Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler, brûlot qu’il jette dans
une Suisse qui n’a pas fait toute la lumière sur son comportement durant la
Seconde Guerre mondiale. Bavaud, idiot ou héros? C’est tout l’enjeu. Car la
droite se gausse de l’amateurisme de l’assassin, la gauche veut croire que le
séminariste et fils de postier neuchâtelois, ancien apprenti dessinateur
technique, aurait pu changer le cours de l’histoire. Tuer Hitler en 1938…
Meienberg reste néanmoins journaliste. Sa méthode est redoutable: il accumule
à la fois les documents d’archive et les témoignages, avec une obsession pour
les détails et un rare talent pour faire parler ceux qui sont d’accord avec
lui, et ceux qui ne le sont pas. Il se montre empathique avec les faibles et
les victimes, sans pitié pour les autres. Le reportage sur les traces de
Maurice Bavaud offre ainsi une stupéfiante galerie de portraits, des camarades
d’études au séminaire catholique intégriste de Saint-Ilhan en Bretagne, au
cousin allemand de Bavaud, qui fut le bras droit de Goebbels, mais aussi
l’ambassadeur suisse à Berlin de 1938 à 1945, pro-nazi notoire, ou Monsieur A,
détenu comme Bavaud à la prison de Plötzensee, chargé de raser la nuque des
condamnés avant leur passage à la guillotine. Avec Maurice Bavaud, Nicolas
Meienberg ne cherche pas seulement à réhabiliter un homme au destin tragique.
En véritable soixante-huitard, en marxiste inspiré, il veut abattre toutes les
autorités, questionner tous les pouvoirs. Travail, famille, patrie? Il n’en
reste rien après l’enquête de Meienberg. Ni de l’école, de la religion, de la
justice, de la politique, de la diplomatie et des médias. Table rase. Le
talent subtil de Nicolas Meienberg est de nous démontrer que, le 14 mai 1941 à
6 heures du matin, quand tombe la tête de Maurice Bavaud dans la corbeille du
bourreau Röttger, c’est la légitimité de toutes les institutions, nazies ou
pas, qui s’en sont trouvée décapitée. (d’après la préface de Serge Michel)
1940 : Naissance de Nicolas Meienberg à Saint-Gall dans une famille de la
petite bourgeoisie catholique. A quinze ans, il est placé à l’école des
bénédictins du couvent de Disentis, où il suit une formation stricte jusqu’à
vingt ans. 1961 : Après une année à New York, Meienberg revient en Suisse et
commence des études d’histoire à l’Université de Fribourg, où il devient
président d’une association soutenant le mouvement indépendantiste angolais.
Il poursuit ensuite ses études d’histoire à l’École polytechnique fédérale de
Zurich. 1967 : A Paris, Meienberg entreprend une thèse sur les relations entre
la France et les Etats-Unis. Correspondant pour divers quotidiens suisses de
gauche, il couvre les débuts de Mai 68, les années Pompidou et la montée de
Mitterrand. Ses reportages font fureur et lui assurent un début de célébrité.
1974 : Revenu en Suisse en 1971, Meienberg publie ses premiers Reportages en
Suisse, qui déchaînent les passions en faisant la lumière sur le comportement
de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. 1976 : À la suite d’un
article contentieux sur le Prince du Liechtenstein, Meienberg se lance comme
journaliste indépendant. Rapidement, il devient connu tant pour la qualité de
son travail que pour le caractère implacable de ses articles d’investigation.
1977 : Meienberg écrit le scénario du documentaire de Richard Dindo
L’Exécution du traître à la patrie Ernst S. et en tire un livre : la vie et la
mort d’un jeune écervelé fusillé en 1942 pour avoir livré à un espion allemand
des informations sans aucun intérêt alors que dans le même temps, la Suisse
fournissait à l’Allemagne du matériel de guerre de grande qualité. Le livre
fait scandale. Le film de Richard Dindo aussi : le Conseil fédéral (le
gouvernement suisse) se réunit pour le regarder et le juge irrecevable, à
l’unanimité. Meienberg persiste, et rédige Maurice Bavaud a voulu tuer Hitler,
une enquête mettant au jour l’abandon de Bavaud par la diplomatie suisse,
lorsque celui-ci est condamné à mort pour avoir tenté d’assassiner le Führer.
Puis c’est Le Délire général, un reportage sur le général Ulrich Wille et ses
liens avec les nazis. 1988 : Meienberg reçoit le Prix de la fondation Max
Frisch, distinction réputée en Allemagne et en Suisse. 1989 : Prix du
journalisme de Zurich. 1990 : Prix de la culture de la ville de Saint-Gall.
1992 : Le 11 septembre, Meienberg se fait violemment agresser dans les rues de
Zurich. 1993 : Dans la nuit du 22 au 23 septembre, Meienberg se donne la mort
chez lui, à Zurich, à l’âge de 53 ans. Selon sa volonté, ses cendres sont
dispersées dans la Seine, en amont de Paris.
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