Le Lac aux demoiselles, et autres nouvelles
EAN13
9782889071494
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
C. F. RAMUZ
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Le Lac aux demoiselles

et autres nouvelles

Zoé

C. F. Ramuz

Indisponible

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Le goût de Ramuz pour la nouvelle et les potentialités du genre comme terrain
d’expériences narratives ont été sous-estimés par la critique dont les regards
se sont concentrés le plus souvent sur les romans. Voici un choix du style
tardif de l’écrivain entre 1943 et sa mort, survenue le 23 mai 1947. Quelques
thèmes omniprésents dans ces nouvelles : Le désir : « Et il a vu la chose qui
a suivi, qui a été qu’elle a levé les bras et qu’elle retirait sa robe, étant
devenue un peu plus blanche, puis qu’elle a encore changé de couleur, puis
que, tournant la tête de tous côtés sur ses épaules, elle a jeté les yeux
autour d’elle. Lui, est perché là-haut, sur un avancement du roc, on ne se
doute pas de sa présence, il n’est pas vu, il voit tout. » Le leitmotiv de la
séparation, central dans l’imaginaire ramuzien, fait encore retour. Et du
monde alentour, il se communique aux êtres : « Et à peine t’ai-je quittée que
la distance qui était entre nous s’accroît démesurément, comme quand un bateau
s’éloigne de la rive et la rive elle-même fuit en arrière ; » La langue, le
phrasé : « Faire avec des mots quelconques des phrases qui ne soient pas
quelconques. » La syntaxe cahotante et rythmée, les répétitions oratoires, la
fameuse comparaison elliptique « comme quand », propre à Proust et à Ramuz,
ont cet effet d’hésitation curieuse, de perception par un œil neuf : « Puis
elle s’est jetée à la nage et alors l’eau du lac a été cassée en mille
morceaux comme quand on donne un coup de poing dans une vitre. » Le regard : «
Tandis que la nuit monte de chaque repli de terrain par des épaisseurs qu’on
voit se poser les unes à côté des autres, qu’on voit être mises les unes sur
les autres : une fumée et un brouillard où les choses disparaissent et lui-
même est enseveli : alors il y a eu devant lui une petite lampe, une petite
fenêtre éclairée, qui a été pour lui tout à coup comme est le phare pour le
marin perdu sur la mer. » La collection « C. F. Ramuz » Voici une série de
volumes afin de rendre hommage à l’écrivain le plus important de Suisse
romande. Parfois considéré à tort comme un glorificateur du terroir, C. F.
Ramuz est avant tout un inventeur de formes romanesques, un explorateur des
registres et des ressources de la langue, un essayiste en décalage, un
nouvelliste hors pair, comparable à un Picasso. À travers des titres choisis
par Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des
critiques aux horizons variés, cette collection ouvre l’accès à des textes peu
connus, mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de
l’auteur. Charles-Ferdinand Ramuz est l’écrivain le plus important de Suisse
romande. Né en 1878 à Lausanne, il fait des études de Lettres puis s’installe
pour dix ans (1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente
Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois, écrit entre
autres Aline (1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913).
Dès ces premiers textes, les thèmes ramuziens tels que la solitude de l’homme
face à la nature, l’amour et la mort, la nature personnifiée sont déjà
présents. Peu à peu, Ramuz abandonne la narration linéaire et la
multiplication des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et
anonyme, « on ». Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création
et de destruction, toujours d’amour et de mort. Son écriture audacieuse lui
valent des critiques de ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Dès
1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès
des critiques et du public. Son œuvre est aujourd’hui publiée dans la
collection de la Pléiade.
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