État des lieux du salafisme en France

"Nombre de sites dressent des recensements des actes terroristes mais il m’a
semblé plus intéressant d’établir un relevé des différentes manifestations
sociales de rupture et de contestations des lois républicaines dans l’espace
public, depuis les refus de minutes de silence en hommage aux victimes, de
proclamations d’allégeance à l’un ou l’autre des groupes djihadistes, de
discours de haine sur la base d’une légitimation religieuse musulmane, de
menaces diverses adressées à des représentants de l’Etat notamment des
enseignants, à des croyants ou des responsables de culte y compris musulmans
républicains dont des menaces de mort ; de contestation de l’enseignement
public par des enfants de plus en plus jeunes ; des « chasses en meute »
ciblées sur de victimes désignées, de violence et évidemment d’actes
terroristes. Si nous ne nous sommes pas limités à ces derniers, c’est pour
traiter le phénomène dans sa continuité politique, sociale et sécuritaire. Se
limiter au passage à l’acte terroriste est doublement réducteur. D’une part,
c’est négliger tout le substrat culturel qui en constitue le terreau. D’autre
part, c’est négliger que la qualification d’acte « terroriste » dépend, pour
une part, des décisions des juges de première instance, lesquels hésitent à
saisir le parquet anti-terroriste quand le cas peut être traité à leur niveau.
Un critère de rattachement plus pertinent peut être trouvé dans l’intention
même des auteurs d’actes hostiles à la société française. A s’en tenir au
terrorisme islamiste proprement dit, les violences sont commises au nom d’Al
Qaida ou de Daesh, alors que le lien d’allégeance n’est pas toujours évident.
Parfois elles sont légitimées par leur auteur au nom de la défense de l’Islam.
C’est pourquoi il nous a semblé que le slogan « Allah ou Akbar » était un
indicateur fiable pour balayer aussi large que possible."