Journal d'une ukranienne
EAN13
9782815956284
Éditeur
Editions de l'Aube
Date de publication
Collection
Monde en cours - Essais
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Journal d'une ukranienne

Editions de l'Aube

Monde en cours - Essais

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« Comment ça se fait que tu ne te dis pas ukrainienne ? » s’est offusqué
Carlos, Vénézuélien, qui m’a pris en stop avec sa bande de copains au fin fond
de la Patagonie, en novembre 2021. « Je vis en Argentine depuis mes 10 ans et
je ne retournerai jamais au Venezuela, mais je m’identifie toujours en tant
que Vénézuélien ». Cette question me laissa perplexe. En effet, comment ça se
fait que je me nomme « française », puis « ukrainienne » ou, pire encore, «
d’origine ukrainienne », alors que je suis bel et bien ukrainienne depuis
trente-six ans, et française depuis huit, par décret ? Ironie du sort, j’ai
été naturalisée française en 2014, quand mon pays a été sacré comme sujet
d’autodétermination. Ce qui lui a coûté 44 000 km² (7%) du territoire. 2014 a
été une blessure d’impuissance. La douleur de voir mon pays se faire déchirer,
de voir les jeunes se faire tirer dessus, à longueur de soirées clouée à la
webcam d’Espresso TV pointant sur le Maidan. Je n’ai pas pu m’y rendre - ou
j’ai décidé de ne pas y aller -, sans arriver à comprendre si la douleur est
plus forte en étant loin, ou au cœur des événements. Depuis, j’ai refoulé
toutes les pièces de l'identité ukrainienne en moi et n’y suis pas retournée
pendant plus de trois ans, jusqu’à la veille de la guerre, essayant d’oublier
ce qui est, à répétition, source de souffrance. J’ai commencé à écrire ce
texte en été 2021. En pressentant, peut-être, une recomposition identitaire
que tout mon peuple, voire le monde entier, allait vivre dans les mois
suivants ? Je le termine aujourd'hui alors que la guerre déchiquète les corps
et les matières, autant que les esprits, en essayant de recomposer ce qui est
possible, avant qu’une transformation irréversible se fasse en nous. En chacun
des Ukrainiens. Ce texte est un journal intime de mes souvenirs. Des quatre
années d’enfance qui s'écoulent pendant les dernières années de la République
socialiste soviétique d’Ukraine et de ses bouleversements (Perestroïka,
Tchernobyl, la chute de l’URSS) puis de la transition, éprouvante pour
certains, enrichissante pour d’autres, vers un nouveau monde qui n’a pas
toujours été ce que l’on imaginait. À travers les moments intimes d’une
famille du Nord-Est de l’Ukraine, c’est la vie de quelques millions
d’Ukrainiens que l’on peut imaginer. Après avoir grandi à Soumy en Ukraine,
Maryna Kumeda part en échange scolaire aux États-Unis. Elle suit des études de
sciences politiques à Kyiv et à Lyon, et vit en France depuis seize ans. Elle
occupe des postes de communication et de philanthropie dans des organisations
d’intérêt général, et s’engage pour les causes d'inclusion et de diversité.
Depuis 2022, elle prépare un documentaire et mobilise des soutiens pour
l’Ukraine.
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