C’est vrai, c’est beau, c’est un acte social. Tout simplement.
abienne Swiatly s’est beaucoup intéressée au milieu du travail et ici ce sont les femmes qui sont mises en avant, les femmes qui sont dans des emplois au service des autres, souvent dans l’aide à la personne, dans la santé, dans l’assistance. C’est vrai, c’est beau, c’est un acte social. Tout simplement.
Infirmières, femmes de ménages, caissières, prostituées, ces femmes sont photographiées à un moment de leur vie professionnelle par la bienveillance de Fabienne Swiatly. Entre jeu sur les mots du quotidien, ironie d’un instant, douceur d’un geste, altruisme immodéré, injustice sociale ancrée, réalité cruelle, réparties percutantes, l’auteure nous fait voyager dans des vies de femmes.
Chaque portrait est un instantané. Une poésie du quotidien, en prose. Un portrait par page, un tiers de page. Un petit texte porteur de grands sujets de société. Dire beaucoup en peu de mots, c’est le talent de Fabienne Swiatly. Et avec la réflexion, l’émotion. J’en ai vécu tout un panel, dans un premier temps lors d’une lecture de l’auteure (magnifique moment avec le ton originel), puis seule, au milieu des gens, dans le bus. Le lieu où l’on ne se regarde pas ou si peu. Lieu où les vies se croisent, et parmi elles des femmes, qui sont au service, y vont ou en reviennent.
Les histoires de ce livre ne restent pas calmement rangées entre les pages, elles prennent vie et nous suivent. Une conclusion qui fait grandir le regard porté à l’autre, comme dans le dernier recueil de Maram al-Masri, Métropoèmes. Deux nouveautés qui se répondent et qui, pour citer Bruno Doucey, pourraient être deux silex qui créent des étincelles.
Un livre magnifique pour la jeunesse et les plus grands
Dans ce récit, nous rencontrons Élie, un jeune garçon de onze ans, seul dans le cimetière du ghetto. Il en a fait son refuge et affronte chaque jour avec un courage qui est le sien. Ce courage, c’est celui d’un enfant qui garde l’espoir de jours meilleurs et qui ne comprend pas d’où est née la barbarie de ceux qui veulent le voir mort.
Un soir il rencontre Gad, alors que celui-ci tente d’échapper aux nazis car il survit grâce aux denrées qu’il arrive à faire rentrer dans le ghetto. Les deux garçons vont apprendre à se parler, ce qui ne sera pas chose facile quand l’un espère et se protège par ses rêves, et quand l’autre perçoit le peu de chances de survie des Juifs de Varsovie.
Chaque nuit, ils vont un peu plus apprendre à se connaître, sans en dire trop, juste ce qu’il faut. Dans la douleur, l’inquiétude, le mélange de crainte du lendemain et l’imagination d’une vie d’après-guerre. Ce qui est certain, c’est que les deux garçons sont seuls et qu’ils ont le pouvoir, à deux, de ne plus l’être.
J’ai été très touchée par ce roman, j’ai encore bien eu les yeux humides et j’ai été tiraillée en deux sens : refermer le livre avant la fin pour leur donner encore une nuit, une chance ; ne pas le refermer et le finir tellement l’écriture d’Hubert Mingarelli nous attrape et de nous lache plus, du début à la fin.
C’est un roman jeunesse qui montre l’horreur de la guerre du point de vue de deux enfants différents, l’un combatif et rusé, maladroitement protecteur, l’autre courageux car gardant en lui l’espoir. Cet espoir qu’il est parfois difficile de conserver est une grande force.
Ce roman est une pure claque ! Il est gigantesque ! C’est un hymne contre la guerre, qui souligne l’absurdité des conflits et de l’homme réduit, indubitablement, à de la chair à canon. Mais la folie sur les zones de combat est une chose, en est une autre la folie qui poursuit au retour à la maison, entre blessures physiques (si ce n’est ravages) et impacts psychiques.
Durant tout le roman, les chapitres alternent les pensées et paroles de Braiden et Walter. On apprend à les connaître, comme ils s’apprivoisent tout au long du récit, nous sommes le troisième personnage dans la chambre d’hôpital.
Certains faits sont prévisibles, mais cela n’enlève rien au rythme de l’histoire, car si l’on soupçonne les personnages-narrateurs sont les seuls à pouvoir confirmer nos hypothèses. Absurdité, folie et courage, tels sont les trois mots qui raisonnent en moi au sortir de cette lecture qui restera l’une des plus fortes depuis un moment. Que dire, si ce n’est que je vous encourage à vous jeter dessus ?
À peine acheté, aussitôt lu ! J’ai adoré ce livre, c’est aussi simple que ça ! Yankov est un personnage douloureusement attachant car il partage son histoire, l’enfant mort qui l’habite et qui n’arrive pas à laisser éclore l’enfant vivant qu’il doit redevenir. J’ai été submergée par son rapport à ses parents, morts en déportation, entre l’amour, le manque et la colère de se sentir abandonné, seul.
Le deuil est au coeur de ce livre, le deuil de soi (que ce soit celui que Yankov a été avant et pendant sa déportation), le deuil des autres (ses parents), ainsi que sur les enfants déportés durant la Seconde Guerre mondiale, dans le cas présent à Buchenwald.
C’est un livre qui est lumineux derrière les nuages épais et gorgés de larmes. Un livre à mettre entre toutes les mains, des préadolescents comme des adultes. Un livre qui fait résonner l’histoire dans l’actualité car la guerre fait encore partie du présent, et les enfants, victimes des guerres d’adultes, aussi.
Ce livre est parfait comme entrée en matière sur la Première Guerre mondiale du point de vue des soldats. Il donne la part belle à plusieurs poilus, qu’ils soient dans les tranchées depuis longtemps ou qu’ils soient de la relève, qu’ils soient gradés ou non, qu’ils sortent entier des assauts ou qu’il soient blessés, qu’ils soient sur le front,qu’ils repartent temporairement à l’arrière ou qu’ils soient en permission : la parole leur est donnée, même si elle sort de l’esprit de l’auteur.
Ce qui est montré, c’est que chacun à son niveau est victime de la guerre et qu’elle ne se cantonne pas aux champs de bataille. Que la mort n’est pas juste quand elle frappe, elle frappe et puis c’est tout, elle a faim et mange sans jamais ressentir de satiété. Les hommes se soutiennent, se maintiennent hors de la boue et de la peur, mais toujours sous le niveau de la terre, sauf pour courir vers la tranchée d’en face, sur ces quelques mètres qu’il faut regagner coûte que coûte. La tranchée d’en face qui ne vaut pas toujours le prix payé. Et la gazé, qui tente de reprendre l’énergie suffisante pour sortir de son trou d’obus, mais dont les poumons sont foutus d’avoir voulu le faire vivre en respirant l’air de trop.
J’ai particulièrement aimé le personnage de Jules qui, partant en permission, ne peut se résoudre à arriver à Paris, pas aussi simplement qu’en train. C’est impossible. La guerre ne peut pas être aussi proche de la ville, qui regorge de belles femmes, ces femmes qu’il ne se sent plus capable de toucher avec son corps vieux avant l’âge et ses mains de tueur. Loin du front, il continue à entendre ses camarades qui crient. Se libérer de ces cris, comme se libérer des hurlement de l’homme cochon dans les tranchées, c’est tâcher de guérir son esprit qui ne tient plus le coup, qui ne supporte plus la boucherie, qui est trop plein des pleurs de ses frères.
Mais, loin des combats, les hommes sont-ils prêts à entendre ? Et, au front, les hommes sont-ils prêts à obtenir le grade qui les attend, celui de morts pour la France ?