Derborence
EAN13
9782889071692
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
C. F. RAMUZ
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Derborence

Zoé

C. F. Ramuz

Indisponible

Autre version disponible

L’histoire et la légende : L’effondrement de la montagne à Derborence est un
fait avéré en 1714 et en 1749. La légende de la survie d’un pâtre qui avait
disparu, qu’on croyait mort, qui avait été enseveli plusieurs mois est… une
légende. Cette survie miraculeuse inspire Ramuz. Il additionne les pertes
humaines de 1714 et 1749, modifie l’heure de la catastrophe en passant du jour
à la nuit, il corrige les indications sur les vivres dont dispose le héros :
il connaît assez la vie des montagnards pour juger improbable qu'un berger à
la fin de juin dispose de fromage en quantité suffisante pour survivre
plusieurs mois. Dans Derborence, l’accident a lieu au début du roman et la
montagne va épargner une vie, la protéger même. La nature ici n’est pas que
cruelle, elle a une mystérieuse fonction matricielle. La montagne Ramuz
désirait restituer la solitude et le silence de la montagne : « combien il
serait beau faire résonner jusqu’aux villes lointaines le silence des hautes
Alpes. (…) L’homme y chemine comme les fourmis, que les après-midis chaudes
font courir sur les pierres . Il étonne par sa petitesse et remplit de pitié
(…) J’assiste ici aux origines du monde. Il subsiste partout je ne sais quoi
de la brutalité primitive. » Extrait « Il tenait une espèce de long bâton
noirci du bout qu’il enfonçait par moment dans le feu ; l’autre main reposait
sur sa cuisse gauche. C’était le 22 juin, vers les 9 heures du soir. Il
faisait monter du feu avec son bâton des étincelles ; elles restaient
accrochées au mur couvert de suie où elles brillaient comme des étoiles dans
un ciel noir. On le voyait mieux alors, un instant, Séraphin, pendant qu’il
faisait tenir son tisonnier tranquille ; on voyait mieux également, en face de
lui, un autre homme qui était beaucoup plus jeune, et lui aussi était accoudé
des deux bras sur ses genoux remontés, la tête en avant. » Ramuz au travail :
« Faire net sans faire plat" Ramuz reste bloqué sur la première partie de
Derborence : « je n'arrive plus à m'en détacher et passer à autre chose. J'y
retourne sans cesse et ne voit plus du tout quand j'arriverai à m'arrêter. Je
ne vois surtout pas si les corrections que j'y apporte ajoutent comme il
conviendrait à la vie du personnage ou si contrairement elle la diminue, au
seul bénéfice de la propreté, plus exactement du propret : faire net , ne
vais-je pas tout simplement faire plat ? » F. Ramuz (1878-1947) est un
inventeur de formes romanesques, un explorateur de la langue française qui a
cherché tout au long de sa vie à être au plus près possible de l’effet
expressif voulu. Né à Lausanne dans une famille de la bourgeoisie commerçante
qui attend de lui qu’il « réussisse », il rejette tout déterminisme culturel
et fait naître l’écrivain C.F. RamuzComme les primitifs flamands, Ramuz met en
scène des gens de tous les jours, au plus près de la terre, au plus près de ce
qu’ils sont, avec cette simplicité si difficile à atteindre, qui nous les
rend, à nous lecteurs, formidablement vivants. Cela avec un sens visuel qui
sort de l’ordinaire. Il le reconnaissait volontiers: « Mes idées me viennent
des yeux, — si j’ai des maîtres, ce sont les peintres. » Ramuz est un être
ambivalent, à multiples facettes, il contrôle son image, comme l’atteste cette
note de 1924 à Henri Poulaille, attaché de presse aux éditions Grasset : « Je
suis né en 1858, mais ne le dites pas. Je suis né Suisse, mais ne le dites
pas. Dites que je suis née dans le pays de Vaud, qui est un vieux pays
savoyard, c’est-à-dire de langue d'oc, c'est à dire français et des bords du
Rhône, non loin de sa source. Je suis licencié ès lettres classiques, ne le
dites pas. Dites que je me suis appliqué à ne pas être licencié ès lettres
classiques, ce que je ne suis pas au fond, mais bien un petit-fils de
vignerons et de paysans Peu à peu, Ramuz abandonne la narration linéaire et la
multiplication des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et
anonyme, « on ». Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création
et de destruction, toujours d’amour et de mort. Son écriture audacieuse lui
valent des critiques de ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Dès
1924, Grasset publie les livres de Ramuz. Son œuvre est aujourd’hui publiée
dans la collection de la Pléiade.
S'identifier pour envoyer des commentaires.